Challenge UPro-G du mois d'octobre: un mariage intergénérationnel
Le 23 juin 1828 à Saint-Maurice-de-Gourdans dans l'Ain Claude Mitanne, cinquante ans, épouse Jeanne Durand, vingt-quatre ans. L'histoire ne dit pas si ce mariage intergénérationnel a été mal accepté dans le village, ni s'il a fait l'objet d'un charivari mené par les jeunes gens de l'âge de Jeanne, coutume qui existait dans le département.

Claude Mitanne
Né le 2 novembre 1777 dans la paroisse de Saint-Maurice-de-Gourdans, Claude est le deuxième des six enfants d'un journalier et d'une servante, le second fils. Il a treize ans à la mort de son père.
Conscrit de l'an VII, il est intégré à vingt-et-un ans dans une compagnie de voltigeurs et passe quinze années dans l'armée de Napoléon: armée du Rhin, camp de Montreuil pour préparer l'invasion de l'Angleterre, Grande Armée en Prusse et en Pologne, Espagne et Portugal. Nommé caporal, décoré de la Légion d'Honneur en 1807, il rentre au pays à la chute de l'Empereur en 1814, à l'âge de trente-six ans.

Comme beaucoup d'anciens soldats de Napoléon, il devient garde-champêtre. il est également Chevalier de la Légion d'Honneur, un parti acceptable.
Jeanne Durand
Elle est née pendant les campagnes de son futur époux le 8 fructidor an XI (26 août 1803) dans le village voisin de Saint-Jean-de-Niost. Claude se trouvait alors à Hanovre. Troisième des quatre enfants d'un couple de domestiques agricoles, elle est orpheline de père à cinq ans. Seuls son frère aîné Simon et elle survivent.
Au décès de leur mère en 1825, Simon est déjà marié et installé dans une autre commune. Il meurt en 1827 à seulement trente ans. Jeanne n'a plus de famille proche et travaille comme domestique à Saint-Maurice-de-Gourdans. Ce mariage est peut-être une opportunité.

Le mariage
Jeanne a une petite dot, son trousseau et une somme de 100 francs provenant de la succession de sa mère. Elle va avoir huit enfants qui tous atteignent l'âge adulte, ce qui est plutôt rare, mais le malheur s'acharne dans les années 1850.
Les deux aînés, Ennemonde et Benoit, meurent à vingt-deux et vingt-quatre ans en 1851 et 1854. L'année suivante le 29 juillet 1855 Claude Mitanne décède à l'âge respectable de soixante-dix-sept ans. Dernier deuil en 1856, Gabriel le troisième fils meurt dans l'ambulance de l'Armée d'Orient pendant la guerre de Crimée. Il a vingt-deux ans.
Claude Mitaine, père trop âgé, n'assistera pas au mariage de ses autre enfants ni à la naissance de ses neuf petits-enfants. Il laisse à sa famille quelques meubles, une vache. Il percevait une pension de 300 francs par an.

Veuvage
Jeanne survit vingt-huit ans à son époux. Les cinq enfants qui lui restent se marient et elle accueille huit de ses neuf petit-enfants.
- Pierre devenu fils aîné, tisserand agriculteur, reprend la fonction de garde-champêtre.
- Marie, brodeuse et coiffeuse, s'installe à Lyon.
- Marie Anne, veloutière, épouse un cultivateur tisserand.
- Jeanne, cultivatrice, se marie trois fois.
- Claude, tisserand, est le cantonnier du village.
Jeanne Durand meurt à quatre-vingts ans le 18 septembre 1883.
Sources: Archives départementales de l'Ain; Archives Nationales - base Léonore; cartes postales Geneanet