Nous suivons aujourd’hui un jeune Bourguignon embarqué dans la conquête de l’Algérie.
Claude, sa famille, son village
Claude Gaudillat est né le 8 juin 1817 à Mervans en Bresse bourguignonne, dans le département de Saône-et-Loire. C’est un gros bourg d’environ 1600 habitants situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Chalon-sur-Saône. Ses parents, Claude Gaudillat et Marie Lonjaret sont agriculteurs au lieu-dit Toppes de Glairans. Ils possèdent une petite maison mais n’ont pas de terres et cultivent celles des autres.
Claude est l’aîné, venu au monde un an presque jour pour jour après leur mariage. Pendant les dix-huit années qui suivent, la famille accueille sept autres enfants : Marie, Pierre, Jeanne, Claudine, Jean et les jumeaux Marie et Michel.
Lorsque le premier recensement de population est réalisé en 1836, le couple vit avec Claudine et les jumeaux. Ils ont perdu Marie à l’âge de douze ans et Jean à quinze mois. Pierre est domestique au bourg chez un gros propriétaire qui est aussi maire du village. Pas de traces de Claude, dix-huit ans, ni de sa sœur Jeanne, quatorze ans. Cette dernière est encore vivante, on la retrouve dans des actes postérieurs. Elle travaille probablement dans un village voisin. Pierre est peut-être déjà à l’armée.
Transcription de décès
En février 1841, l’officier d’état civil de Mervans retranscrit un extrait mortuaire qui lui a été envoyé par l’armée et glisse le document dans les pages du registre.
On y apprend que Claude Gaudillat, fusilier au 62ème régiment d’infanterie de ligne de l’Armée d’Afrique, est mort le 2 décembre 1840 après deux mois d’hospitalisation à l’Hôpital Militaire de Mahon. Il souffrait de « gastro entero colite chronique » et avait vingt-trois ans.
L'armée d'Afrique
L’Armée d’Afrique a été créée dix ans auparavant, pendant la Monarchie de Juillet et le débarquement en Algérie qui marque le début de la conquête. Elle comprend essentiellement des soldats européens et est distincte des troupes coloniales. Il faut donc faire traverser les hommes et le matériel.
Mahon (ou Port-Mahon), dans l’île de Minorque aux Baléares, sert de base arrière : support, ravitaillement et hôpital militaire sont établis par les Français.
Le 62ème régiment d’infanterie de ligne dans lequel servait Claude était arrivé en Algérie en juin 1836. Le jeune homme était donc probablement sur le chemin du retour, évacué du fait de sa maladie. Il est mort loin des plaines et étangs de sa Bresse natale, emporté par la maladie comme beaucoup de soldats des guerres du XIXe siècle.
Sources : recensement Mervans 1836 ; état-civil 5 E 295/10 ; carte état-major (1820-1866)
