Genealuxie
Généalogiste

Genealuxie, généalogiste à Lyon (69)

A comme Adieu l'Alsace


Au milieu du XIXe siècle mon arrière-arrière-grand-mère Catherine Christ et l'un de ses frères quittent définitivement leur village alsacien mais prennent des chemins très éloignés.

 

Les Christ

Leur présence à Siegen est documentée depuis la fin du XVIIe siècle. Mon ancêtre Jean Adam Christ est baptisé le 13 mars 1689 à Salmbach. Il se marie et s'installe dans la paroisse voisine de Siegen.

Jean Adam Christ est un sujet du roi Louis XIV mais son père Georges a vécu sous une autre autorité. Les frontières du nord de l’Alsace n’ont pas été clairement définies lors du traité de Westphalie qui conclut la guerre de Trente ans en 1648. Bien que Siegen et Salmbach fassent partie du bailliage supérieur de Lauterbourg occupé par les Français, les habitants rendent hommage au prince-évêque de Spire. Après quelques décennies de paix et une nouvelle guerre en 1673, la question est réglée en 1680, la région est rattachée au royaume de France.

Carte de Cassini

 

150 ans d'histoire parfois mouvementée

  • Jean Adam (1689-1755) forgeron et échevin du village de Siegen a au moins sept enfants.
  • la vie de son fils Mathias (1718-1795) se déroule pendant une période assez stable, il a dix enfants issus de deux mariages. Seules les dernières années sont difficiles lorsque la Révolution éclate. Mais s'il meurt en 1795, il n'en est pas une victime directe. 
  • Ses fils vont devoir faire face aux troubles de la période. Des émeutes locales éclatent puis la France déclare la guerre à l’Autriche en 1792. Le conflit s’installe dans le canton jusqu’en 1815. Paysans aisés, les frères Christ émigrent pendant « la grande fuite » de décembre 1793, puis rentrent au village à la faveur d’une amnistie. L’aîné, Jean Pierre (1753-1837), récupère alors ses terres. Les registres d'état civil n'ont pas été tenus, ses sept enfants ne sont pas tous déclarés .
  • En 1822, son fils Pierre Antoine (1787-1860), va voir le juge de paix pour obtenir un acte de notoriété afin de se marier car « les registres de l’état civil de l’année mille sept cent quatre-vingt-sept n’existent plus dans la commune, qu’ils ont été perdus ou détruits pendant la révolution ou les guerres qui l’ont suivie ».

 

Pierre Antoine Christ et ses enfants

1846 est la dernière année où la famille de Pierre Antoine est réunie. Veuf, il vit lors du recensement avec ses neuf enfants devenus adultes sur les douze issus de ses deux unions.

L’année suivante, deux d’entre eux vont quitter l’Alsace définitivement.

Lorentz, né en 1820 et sixième de la fratrie, est cordonnier. Suivant les pas de nombreux Alsaciens il émigre en Amérique et arrive à New York en 1847. J’ai raconté son histoire dans un autre article (N comme New York, 2023).

 

Catherine Christ, vannière ambulante

Catherine, dixième enfant de Pierre Antoine, née en 1830, va suivre un tout autre chemin. Elle part sur les routes avec un vannier ambulant, Louis Luxemburger (1826-1892). Ils voyagent le long de la Saône puis de la vallée du Rhône jusque dans l’Aude  (E comme En passant, 2023). Au début, ils mentionnent l’Alsace. Ainsi lorsque Louis déclare leur deuxième enfant, Paul, il indique un domicile à Stundwiller.

L’officier d’état civil a visiblement beaucoup de difficultés à établir l'acte. Le couple n’est pas marié, les patronymes et noms de lieux sont éloignés de ceux de l'Aude. Louis est illettré et parle mal le français. Lors d’un recensement de population quelques années plus tard, l’employé le déclare « Prussien ». Le maire fait de son mieux mais tout devra être rectifié par un jugement en 1887 quand Paul voudra se marier.

 

Par la suite, Catherine et Louis, admettent qu’ils vivent dans leur roulotte ou dans des domiciles temporaires. La guerre de 1870 suivie par l’annexion de l’Alsace Moselle les oblige à se sédentariser.

Catherine Christ opte pour la Nationalité française le 2 mai 1872 à la mairie de Lyon. Elle meurt dix ans plus tard en 1882 à cinquante-et-un ans.

 

Perdus de vue

Lorentz et Catherine ont quitté l’Alsace vers 1850, bien avant son annexion par l’Empire allemand, l'un pour des raisons économiques, l'autre peut-être par amour. Catherine a-t-elle eu des nouvelles de sa famille restée au pays et de son frère devenu américain ? Tous les deux ont été perdus de vue puisqu’en 1937, la Caisse des Dépôts et Consignations d’Alsace et de Lorraine les cherche pour leur remettre une somme oubliée.

 

Sources: Archives départementales du Bas-Rhin et de l'Aude; Gallica, Retronews. 


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