Genealuxie
Généalogiste

Genealuxie, généalogiste à Lyon (69)

L comme Légion d'Honneur


Jusqu’à la fin du XXe siècle, l’ordre de la Légion d’honneur est très largement masculin. La première femme ne fut décorée qu’en 1851. L’augmentation fut ensuite très lente, 102 récipiendaires jusqu’en 1914 et une accélération après chacune des deux guerres mondiales. Malgré cela en 1962, seules 6600 femmes avaient reçu la décoration, alors que 320 000 légionnaires étaient vivants à cette date.

Frieda Ruscher fut nommée Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 30 décembre 1963. Mais elle ne fut malheureusement jamais décorée.

 

Frieda Catherine Ruscher est née le 9 octobre 1902 à Queuleu (actuellement dans Metz) en Moselle alors annexée par l’Empire allemand. Elle est la fille aînée d’un instituteur Adam Ruscher (1875-1937) et de Marie Catherine Stoltz (1875-1957). Un frère, Rodolphe, et une sœur, Marthe, suivent en 1905 et 1909. Sa scolarité est validée par l’Abitur (baccalauréat). Lorsque le traité de Versailles restitue la Moselle à la France en 1919, Frieda est âgée de seize ans.

Elle poursuit ses études et commence sa carrière d’enseignante à l’âge de vingt-cinq ans à la rentrée d’octobre 1927 au collège de jeunes filles de Châtellerault dans la Vienne. Elle est major de l’agrégation 1933 en allemand et devient professeur au lycée.

 

Elle enseigne pendant trente-six ans. Après Châtellerault elle rejoint un lycée de Caen, puis part dans la région parisienne à Sceaux où elle passe toute la période de la Seconde Guerre mondiale. Elle revient brièvement dans sa ville natale en 1945. 

À partir de 1957 elle enseigne au lycée Fénelon à Paris. À cette époque, entre 1955 et 1963, elle est également Chargée d’enseignement à la Sorbonne pour la licence et des cours d’IPES (Institut de Préparation aux Enseignements de Second degré) et membre et secrétaire du jury d’agrégation en allemand. Elle a corédigé un recueil de versions et thèmes de licence et d’Agrégation.

 

Frieda est déjà Officier d’Académie (1946) et Officier de l’Instruction publique (1960). Elle est chaudement recommandée par la directrice du lycée Fénelon dans le dossier de proposition au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

Le Ministère de l’Éducation nationale valide le dossier et souligne aussi son bon comportement pendant la guerre de 1939-1945.

 

Frieda Rusher est nommée Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 30 décembre 1963. Mais en mai 1964, la chancellerie s’inquiète et se renseigne. Quand aura lieu la cérémonie de décoration qui valide l’entrée dans l’ordre ? C’est son frère Rodolphe qui envoie la triste nouvelle. Frieda est morte dans un accident de voiture sur une route d’Autriche le 27 décembre 1963, avec sa sœur Marthe et son beau-frère Émile Pfirsch, un résistant dont j’ai parlé dans un article précédent.

 

Sources : Archives Nationales (cote 19800035/398/53342) ; Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960


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