Les marchands ambulants et colporteurs parcouraient les villes et campagnes, particulièrement nombreux au XIXe siècle. Souvent des hommes seuls qui exerçaient cette activité saisonnière en complément de leurs revenus d’ouvriers agricoles, mais aussi en famille comme les vanniers ambulants alsaciens de mon arbre.
Une autre branche, mes ancêtres Goux, avaient un domicile fixe dans les Vosges et une activité marchande locale, mais déménageaient régulièrement et partaient pour des périodes de colportage. Marie Élisabeth Michel, ma sosa 63 (génération 6), adopta leurs déplacements en rentrant dans la famille.
Marie Élisabeth Michel est la fille aînée de François Michel (1787-1838) et Anne George (1783-1852). Elle naît le 19 novembre 1810 à Saint-Ouen-lès-Parey dans les Vosges. Son père et son grand-père sont marchands mais la famille est stable, établie dans le village depuis plusieurs générations. De même, son jeune frère charpentier et ses sœurs restent dans la commune à l’âge adulte.
Elle épouse à l’âge de vingt ans Pierre Alexandre Goux (1809-1871), vingt-deux ans, marchand colporteur domicilié à Belfort. Sa famille, dont le père est épinglier, est beaucoup plus mobile et se déplace entre la Haute-Saône, les Vosges et le Territoire de Belfort.
Lors du mariage Marie se déclare marchande colporteuse et précise dans un autre document qu’elle vend des rubans. Elle signe très distinctement.
Les jeunes époux partent sur les routes. Leur fille aînée Louise vient au monde en 1832 dans le Haut-Rhin : « dans la maison du sieur Rémy Heuchal fils, aubergiste aux deux clefs au 5 quartier de l'hôtel de ville de Cernay», alors qu’ils se déclarent résidents à Belfort. Avec un nourrisson, Marie décide de rentrer dans son village natal où elle accouche des deux suivants, Hortense en 1833 et Pierre en 1834. Son époux est en déplacement et les enfants déclarés par la sage-femme.
Elle repart ensuite en laissant les petits à la garde de ses parents. Son fils Pierre meurt à l’âge de deux ans « chez son grand-père Jean François Michel » en mai 1836. Deux mois plus tard, Marie met au monde sa fille Françoise lors d’un séjour à Strasbourg dans le Bas-Rhin.
Quatre autres enfants suivent, Alexandre et Mathilde naissent en 1838 et 1840 à Saint-Ouen-lès-Parey, Marie Louise à Strasbourg en 1844 et la benjamine, mon arrière-arrière-grand-mère Marie Élisabeth Augustine Goux en 1850 à Belfort où la famille se pose quelques années.
Le couple continue à se déplacer, on les suit au fil des mariages de leurs enfants entre Suisse et Alsace : Fribourg, Strasbourg, Mulhouse, Zürich. C’est dans cette ville que Pierre Alexandre Goux décède en 1871 à l’âge de soixante-et-un ans.
Devenue Veuve, Marie vit un temps à Paris chez sa benjamine, puis s’installe à Neuchâtel en Suisse où elle meurt le 10 décembre 1886 à l’âge de soixante-seize ans.
Sources : peinture: The Toy seller – David Henry Friston; Archives départementales des Vosges; carte réalisée avec Geoportail; Presse: la Feuille de Neuchâtel; La Marchande de rubans- 1768- Photo (C) RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Thierry Ollivier