Jules Raymond Bernard, cuisinier saisonnier sur les routes du tourisme au XIXe siècle
Le challenge U-ProG du mois est : un métier de bouche
L'occasion de vous présenter l'histoire de Jules Raymond Bernard, cuisinier dans les lieux de villégiatures de la fin du XIXe siècle.
En bref :
À travers quelques lignes d’un registre militaire, c’est toute une vie qui se dessine. Celle de Jules Raymond Bernard, cuisinier né dans la Drôme en 1858, balloté entre Lyon, Cannes, les villes thermales et les grands hôtels de montagne. Une existence rythmée par les saisons touristiques, les déménagements incessants et un métier exigeant, que les archives permettent aujourd’hui de reconstituer presque pas à pas.
Enfance dans la Drôme
Jules Raymond est né le 12 décembre 1858 à Hauterives dans la Drôme. Son père Mathieu Bernard est un marchand colporteur ambulant originaire de Tourriers en Charente. Il épouse Rosalie Guy, fille de cultivateurs d'Hauterives en 1853.
Deux sœurs sont nées avant lui: Marie Rosalie Elisa en 1855 et Evelina Anaïs en 1856. En 1860, leur père devient négociant à Loriol-sur-Drôme. Baptiste Alphonse agrandit la famille en 1865, suivi de deux petites, une née sans vie et Julia Adrienne qui ne vit qu'un an.
Le père, Mathieu, meurt en 1870 et sa veuve reste vivre à Loriol avec quatre enfants mineurs et son jeune frère Émile.
Après le décès de leur mère en 1873, les enfants se séparent mais ils resteront en contact toute leur vie.
- Elisa, mariée à Loriol fin 1872, reste au village.
- Evelina part à Valence où elle épouse en 1875 un commerçant originaire de Marseille, Joseph Régis Imbert-Durif. Il l'emmène à Cannes.
- les garçons sont à Lyon. Jules devient cuisinier et Baptiste garçon de café.
Vie familiale
À Lyon, Jules habite cours Vitton dans le quartier des Brotteaux, sur la rive gauche du Rhône. Il rencontre une moulinière, Angèle Coindet. Ils se marient le 12 novembre 1881 et légitiment une petite Jeanne, née un an auparavant. Une deuxième enfant, Marie, naît en 1883 toujours à Lyon.
Jeanne se marie en 1902 et s'installe à Chalon-sur-Saône, ville natale de sa mère. Marie convole en 1904 à Cannes avec un cuisinier. Lors des deux évènements Jules et son épouse résident à Cannes, ils se sont déplacés à Chalon-sur-Saône pour l'aînée.
Jules meurt à cinquante ans le 14 juin 1909 à Chalon-sur-Saône, chez sa fille aînée mais il réside officiellement à Cannes.
Les actes d'état civil nous renseignent donc sur une vie passée entre Lyon, Chalon-sur-Saône et Cannes. Dans tous, Jules est cuisinier. Mais son registre matricule dévoile une vie plus trépidante.
Carrière de cuisinier
À la fin du XIXe siècle, les hommes restent mobilisables jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans. Jules, de la classe 1878, est libéré le 1er novembre 1904.
C'est ainsi que pendant vingt-cinq ans, il va envoyer son adresse à l'armée lors de chaque déménagement.
Il déclare vingt-quatre changements d'adresse.
Certaines reviennent régulièrement. En les étudiant, il est évident que Jules est cuisinier saisonnier. Selon les habitudes des touristes de l'époque, il est à Cannes dans le midi l'hiver et à la montagne l'été.
Tous les hivers se passent à Cannes. Mais certains étés, au lieu de rejoindre Aix-les-Bains, il travaille dans des villes thermales comme Schlangenbad en Allemagne ou à l'hôtel de Milan à Vichy. Il va aussi en Suisse à Gersau, Lucerne, Saint-Moritz ou Andermatt.
Envie d’aller plus loin ?
L’histoire de Jules Raymond Bernard a pu être reconstituée grâce au croisement des registres militaires, de l’état civil, des recensements et des sources locales. Si l’un de vos ancêtres a beaucoup voyagé, changé de métier ou laissé peu de traces, Genealuxie peut vous aider à reconstituer son parcours et à comprendre son histoire. Contactez-moi pour me parler de vos recherches généalogiques.
La fratrie
Les quatre restent soudés. Tout d'abord, les beaux-frères sont témoins des mariages. Et les déplacements des uns et des autres ne se font pas au hasard.
- Elisa vit à Loriol. Elle recueille Baptiste qui meurt chez elle à seulement trente-huit ans.
- Evelina réside rue Bossu à Cannes et tient une boutique de lingerie avec son époux. C'est son adresse que donnent à l'armée ses deux jeunes frères quand ils travaillent dans cette ville.
- Pendant une douzaine d'années, Baptiste est garçon de café à Cannes l'hiver et dans l'arrière-pays à Andon l'été. Il repart en 1899 dans la Drôme et travaille place de la Gare à Romans-sur-Isère. Resté célibataire, il meurt à Loriol chez sa sœur.
Méthodes
Comme dans toutes les familles, surtout les voyageuses, l'étude de tous les actes d'état civil, des registres militaires, des recensements, dessine des tranches de vie.
Qui sont les témoins, où réside chacun d'entre eux, quels sont leurs prénoms usuels? Beaucoup de réponses se dévoilent au cours de la recherche.
J'ai complété avec la lecture d'articles sur le tourisme à cette époque. Pas de succès dans la presse, Jules ne devait pas être suffisamment connu et son patronyme, Bernard, trop fréquent.
Sources: Archives départementales de la Drôme, de Saône-et-Loire, des Alpes-Maritimes et du Rhône; Archives municipales de Lyon et de Cannes.
Vous préférez apprendre à consulter les archives vous-même ?
Découvrez mes formations en recherche généalogique.
