La recherche généalogique nous fait aussi croiser des destins brisés et des vies trop brèves. C’est le cas d'Auguste Chausse, l’arrière-petit-fils de mes ancêtres Jean-Pierre Crouzet (1769-1846) et Marie Anne Martin (1781-1847).
Enfance à Saugues
Jean Pierre Auguste vient au monde le 29 novembre 1897 à Saugues en Haute-Loire. Son père Jean Pierre Chausse est facteur, il a trente-huit ans. Sa mère Victoire Savy, trente-et-un ans, est ménagère. Troisième de la fratrie, il est accueilli par son frère aîné Léon, neuf ans, mais ne connaitra jamais Auguste né et décédé avant sa naissance (1891-1892). D’ailleurs son prénom usuel devient Auguste.
Dans la famille élargie, il compte sa grand-mère paternelle Thérèse Crouzet qui réside avec eux, son grand-père maternel Joseph Savy, un oncle et une tante ainsi qu’un cousin né un mois après lui. La commune des Monts de la Margeride où il grandit dénombre alors environ 1800 habitants.
Les années difficiles
La vie familiale bascule fin 1908. Jean Pierre Chausse meurt le 30 décembre 1908 enseveli sous la neige lors d’une tournée entre Saugues et Cubelles. La grand-mère Thérèse Crouzet décède deux mois plus tard le 28 février 1909 à l’âge vénérable de quatre-vingt-onze ans.
Léon part travailler à Paris où il est engagé comme receveur de tramways. Il est appelé fin 1909 au service militaire. Victoire et son fils Auguste se retrouvent seuls.
Guerre 1914-1918
Auguste est âgé de seize ans lorsque la guerre éclate. Son frère est aussitôt mobilisé. Lui est appelé à dix-huit ans en 1915 comme toute la classe 1917. Il est alors domestique à Paris et est ajourné pour « faiblesse ». Il est reconnu « bon service armé » en juin 1917 et incorporé en septembre au 38ème régiment d’infanterie (RI). Il n’a pas encore vingt ans.
Le parcours d’Auguste nous est donné par les journaux de marche des unités dans lesquelles il combat. Il est à Verdun avec le 38ème RI fin 1917, puis engagé dans l’offensive en Champagne en 1918 avec le 344ème RI et se trouve à Mulhouse lors de l’armistice. Il est démobilisé en septembre 1919 et désigne Saugues comme résidence.
Difficile retour à la vie civile
Auguste est alors âgé de vingt-deux ans. Il travaille quelques temps comme terrassier. Peut-être tente-t-il de rejoindre son frère car il vit en région parisienne à Vitry-sur-Seine en 1920. Mais il n’est pas témoin à son mariage en avril 1921.
Il erre ensuite à travers la France et on peut suivre son parcours à l’aide des adresses qu’il fournit à l’armée, toujours celles de l’entreprise où il travaille, et des tribunaux dans lesquels il est condamné à des peines courtes mais répétées pour « infraction à la police des chemins de fer » (50 francs d’amende), « vagabondage » et « mendicité » (huit jours de prison à chaque fois après un premier sursis).
On le suit de Nogent-le-Rotrou à Noyon, Jonzac, Ceilhes, Rennes, Castres, Grasse. Il meurt à l’hospice de Toulon le 7 janvier 1935 à l’âge de trente-sept ans.
Les archives ne peuvent nous dire si cette vie d’errance fut la conséquence des traumatismes de la guerre mais c’est une explication plausible. Auguste n’est pas retourné voir sa mère, morte après lui en 1940, ni son frère qui après une carrière de conducteur de tramways est rentré à Saugues.
Sources: Archives départementales de la Haute-Loire; Retronews; Service Historique de la Défense
