Le Challenge UPro-G de ce mois: une faillite.
Un évènement assez fréquent dans les branches de commerçants, souvent un coup d'arrêt suivi de rebond, parfois un désastre financier et humain. J'ai choisi de vous parler des faillites de mon arrière-grand-père Abel Combes et de son fils Henri. Les voici tous les deux en 1932. Fière allure, beaux costumes et gestuelle identique pour ces vendeurs de bonneterie, bas de soie et chemises.


Abel Combes est né le 25 septembre 1869 à Bazas en Gironde. Son père est plâtrier et sa mère modiste. Sa grand-mère maternelle tient une charcuterie. Dans les années 1880, la famille s'installe à Lyon. Il épouse en 1898 à Genève Andrée Ferralli (1881-1949). Le couple légitime leur fils Henri né à Lyon l'année précédente le 8 mars 1897.
Andrée descend d'une famille de commerçants très mobiles, des bimbelotiers du côté maternel, des marchands de nouveautés du côté paternel. Ils écument les foires de Zurich, Neuchâtel, Colmar, arpentent les Vosges et la Haute-Saône. Son père Henri Ferralli tente de se poser, mais fait faillite à Paris en 1882, quitte Fribourg poursuivi par un créancier en 1892. Néanmoins il rebondit chaque fois et est secrétaire de la chambre syndicale des étalagistes et colporteurs de Genève en 1898.



Aucune surprise donc si Abel Combes, son gendre, tente d'ouvrir un premier commerce de bonneterie à la Guillotière à Lyon vers 1900, déclaré en faillite quatre ans plus tard en 1904. Le jugement ordonne d''écrouer Abel mais celui-ci ne fera pas de prison, il a déjà fui en Suisse.


Abel Combes ouvre un nouveau magasin 8 Grand-Rue à Genève, "Au Fouillis" et le conserve jusqu'à son décès en 1941.

Son fils Henri Combes débute comme grossiste à Marseille, puis ouvre un magasin à Lyon le Palais du Bas. Il vend également par correspondance et cherche des fournisseurs par de multiples annonces dans les journaux. Alors que la crise économique des années 30 s'accentue, il redouble d'efforts, tente de baisser les prix. En 1932 il possède quatre magasins à Lyon, trois dans la Presqu'Ile et un sur les quais de Saône.


Il est contraint de jeter l'éponge et de demander sa liquidation judiciaire en mars 1933.

Les marchandises et fonds de commerce sont vendus, de même que son appartement et sa voiture. Tout cela permet de payer ses impôts, loyers, les indemnités de congédiements de ses employés.

Le jugement définitif de liquidation judiciaire intervient le 24 août 1934.
Mais Henri ne le saura jamais. Le 17 septembre 1933 il est transporté de sa chambre du Grand Nouvel hôtel rue Grolée à l'Hôtel-Dieu où il meurt trois jours plus tard d'une "affection médicale non contagieuse" selon le médecin. L'histoire familiale retient le suicide.
Sources: photographies personnelles; Archives départementales du Rhône; Retronews