Le 12 janvier 1884, un Isérois et une Corse se marient à Lyon 3ème.
Les époux
Benoit Grand, tailleur de pierres né en 1852 à Bouvesse-Quirieu dans l’Isère, habite cours Gambetta. Son village est relié à Lyon par le chemin de fer de l’Est lyonnais emprunté par les jeunes gens en quête de travail.
Sa future épouse Marie « Lucie » Bandiera, née en 1857, réside dans le même quartier. Elle est originaire de Vico en Corse-du-Sud. Son père est décédé, sa mère a fait parvenir son consentement par acte notarié, les témoins ne sont pas des parents. Mais comment Lucie est-elle arrivée à Lyon alors que peu de Corses habitent cette ville au XIXe siècle ?
La famille de Lucie
Les migrations se font le plus souvent en famille ou avec des voisins du village. Retrouvons la fratrie de Lucie. Elle est la dernière de huit enfants. Une fille est morte à dix-sept mois. Les sept autres quittent le village à l’âge adulte.
Les trois aînés restent sur un parcours classique, ils s’installent à Marseille et Ajaccio.
- Marie Rose (1839-1924) part à Marseille où elle épouse Antoine Silvestre Pietri (1840-1906), également corse, et employé d’octroi.
- Pierre « Paul » (1844-1921) est employé du Paris-Lyon-Méditerranée, chef de train à Marseille.
- Marie Madeleine Gracieuse (1846-1909) épouse à Ajaccio un agriculteur, Roch Félix Antoine Napoléon Versini (1832-1913). Leurs trois premiers enfants naissent à Ajaccio, la quatrième à Vico. Marie reste ensuite dans son village natal alors que son époux retourne à Ajaccio avec les enfants devenus adultes.
Les quatre plus jeunes de la fratrie s’éloignent de la Corse et du midi de la France.
- Anne Marie, née en 1849 est lingère à Vienne dans l’Isère lorsqu’elle met au monde en 1870, à l’âge de vingt-et-un ans, une petite fille dont le père est inconnu et qui ne vit que deux mois. Anne part ensuite à Lyon et épouse en 1878 Émile Béville (1847-1909), fabricant de chaussures. Le couple réside dans le 3ème arrondissement jusqu’en 1886, puis à Reims en 1897 et Paris en 1909. Le lieu de décès d’Anne n’a pas encore été trouvé.
- Antoine Toussaint (1882-1897), employé d’octroi, se marie en 1882 à Lyon avec Clotilde Gillot. Il divorce dix ans plus tard et obtient la garde des enfants, mais décède jeune, à quarante-cinq ans.
- Antoine (1855-1888), coupeur en chaussures à Lyon épouse en 1885 Annette Michalet (1860-1898). Ils meurent à trente-trois et trente-sept ans et laissent une orpheline.
- Lucie (1857-1890) est domestique à Lyon en 1882 lorsqu’elle met au monde une petite Jeanne qu’elle reconnait mais qu’elle abandonne. Deux ans plus tard elle épouse mon lointain cousin Benoit Grand. Le couple part à Bouvesse-Quirieu, le village natal de Benoit. Ils ont un fils qui ne vit que deux semaines. Lucie meurt à trente-deux ans au lieu-dit Les Usines.
Quand les Bandiera sont-ils arrivés à Lyon ?
Anne est la première dont on trouve la trace dans la région, d'abord à Vienne puis à Lyon. Mais Paul est employé au chemin de fer, a-t-il fait venir sa fratrie dans le Rhône ?
En 1882, la présence de quatre d’entre eux est attestée :
- Antoine Toussaint se marie en juin de cette année-là.
- Son frère Paul, témoin de cette union, est sous-chef de gare à Givors dans le Rhône.
- Sa sœur Anne, dont l’époux est aussi témoin, habite au coin de la rue.
- Sa sœur Lucie réside chez lui lorsqu’elle accouche à l’hôpital de la Charité en août.
Un cinquième, Antoine le plus jeune frère, les rejoint et se marie en 1885.
La fratrie reste soudée, témoins les uns pour les autres lors de chaque évènement et tous vivent dans le même quartier de la rive gauche du Rhône.
En 1897, le faire-part de décès d’Antoine Toussaint mentionne sa fille Émilie, son frère Paul et ses sœurs Marie Rose épouse Pietri, Anne épouse Béville et Marie Madeleine épouse Versini. Antoine et Lucie, les deux autres membres de la fratrie sont morts avant lui.
Méthodes de recherche
Il n'est pas évident de reconstituer le parcours de nos ancêtres migrants. Lorsqu'un évènement, mariage ou décès, est mentionné loin du lieu de naissance, la reconstitution de la famille, notamment de la fratrie apporte beaucoup d'information.
Sources: Archives départementales de la Corse du Sud, du Rhône et de l'Isère; archives municipales de Lyon; Retronews; Gallica : horaires Chaix
