Genealuxie
Généalogiste

Genealuxie, généalogiste à Lyon (69)

E comme Égyptienne


Ma grand-mère mentionnait souvent que son frère aîné Henri Combes avait épousé une Égyptienne appartenant à une « grande famille ». Description assez floue dont nous nous contentions. Cela nous faisait rêver et de toute façon, Henri, mort en 1933, personne dans la famille ne l’avait connu.

 

Première étape: identifier cette épouse

Des années plus tard, je me lançais dans la généalogie de cette branche. Je trouvais son nom sur l’acte de décès d’Henri : Cécile de Serpos. Un patronyme pas vraiment égyptien, je restais perplexe.

 

La prochaine étape consistait à trouver leur acte de mariage. Henri, né à Lyon en 1897, avait grandi à Genève, puis ouvert un commerce à Marseille avant de revenir dans sa ville natale. Il avait fait faillite et ne possédait plus aucun bien lors de son décès. Pas de déclaration de succession qui aurait pu me fournir des indices, pas de mariage à Lyon ou Marseille. Je dénichais finalement cette union en 1919 à Eaux-Vives, une commune intégrée par la suite à la ville de Genève en Suisse.

Mairie d'Eaux-Vives

 

Pas de doute, Cécile était bien née en 1899 à Alexandrie et était « une négociante d’origine égyptienne ». Sa filiation était précisée : son père Joseph était alors décédé et sa mère Élise Mandofia, remariée avec un certain Ball, vivait avec elle à Plainpalais, un autre quartier de Genève. Munie de ces renseignements, je trouvais ensuite le remariage de Cécile et l’existence d’au moins deux frères, nés avant elle au Caire. La reconstitution de cette famille pouvait commencer.

 

La famille de Serpos

Le père, Joseph, est appelé Bey dans certains actes. Ce titre ouvre la piste d’un fonctionnaire de l’Empire Ottoman et du départ de la famille en Suisse pendant la Première Guerre mondiale mais je n’ai pour l’instant aucune archive soutenant cette thèse.

La mère, Élise, vit quelques années à Genève puis repart à Alexandrie. Sa résidence en Égypte est attestée lors des actes concernant ses enfants en 1926 et 1940.  

L’un des fils, Silvio, né au Caire en 1898, s’est marié vers 1920 avec une Française originaire de Haute-Saône et meurt à Paris en 1926.

 

Charles, le fils aîné, venu au monde au Caire en 1891, vit aussi à Paris au début des années 1920 et a même quelques ennuis classés sans suite et relatés dans son dossier de la Sureté nationale, contenu dans les « Fonds de Moscou ». On le retrouve à Marseille en 1926. Il cherche un gérant pour son magasin au 224 rue Paradis. Et c’est justement le commerce de son beau-frère Henri qui part en ouvrir un autre à Lyon cette année-là. Le propriétaire du fonds était donc Charles. 

 

Nouvelle étape: Casablanca

Nous retrouvons Charles et Cécile de Serpos dans les années 1940 à Casablanca au Maroc.

Charles est importateur-exportateur de tissus, il crée une société en 1942. On le suit à travers la presse jusqu’en 1950, il est alors Président de l’Association des représentants et importateurs de tissus au Maroc.  

 

Cécile l’a rejoint après le décès de son premier mari et épouse en 1940 Georges Henri Ashton Beauté, un inspecteur de police. L’acte de mariage complète une partie de l’histoire familiale. Elle est alors de nationalité suisse de par son premier mariage et exprime le désir de devenir française comme son nouvel époux. L’officier d’état civil précise ensuite que son défunt père Joseph de Serpos était égyptien et que son témoin est « Charles de Serpos, arménien ».  

 

Un puzzle presque complet

Tout concorde. D'autres archives mentionnent des "de Serpos" ou "Serpossian" sans que j’ai pour l’instant établi un lien formel  avec la famille étudiée. Mais j'ai trouvé un Arménien catholique à Rome auprès du pape, un autre interprète lors d’une ambassade ottomane auprès de l’Empereur. La communauté arménienne était très nombreuse en Égypte au XIXe siècle.  

Cette recherche n’est pas terminée et démontre une fois de plus que tous les actes autour de nos ancêtres directs doivent être étudiés pour compléter le puzzle, surtout quand les familles sont très mobiles.

-            Où et quand est morte Cécile ?

-            Qui était Antoine de Serpos, commerçant à Lyon en 1931 et témoin au mariage de ma grand-mère. Un autre frère, un neveu, un cousin de Cécile ?

 

Sources : Archives municipales de Lyon; Archives d'état de Genève; Archives Service central d'Etat civil de Nantes. Illustration: Genève, rue de la Mairie: ancienne mairie des Eaux-Vives (1856-1909) - Bibliothèque de Genève. Bibliographie: Anne Le Gall-Kazazian, Les arméniens d’Égypte (XIXe -milieu du XXe), p. 501-517, CEDEJ


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

E comme Égyptienne

05 Nov 2025

Ma grand-mère mentionnait souvent que son frère aîné Henri Combes avait épousé une Égyptienne appartenant à une « grande famille ». Description assez floue d...

D comme Décédés loin du pays natal

04 Nov 2025

Alors que je cherchais un acte de décès dans un registre de Lyon 1er, je repérais la mort la 25 novembre 1915 d’un jeune homme de vingt-quatre ans né au Tonk...

C comme Chirurgien du Roy à Pondichéry

03 Nov 2025

Suivons aujourd’hui un aventurier de la Compagnie des Indes.
Nicolas Baudoüin (ou Baudoin), fils de Philippe et de Marie Michel Boonne, est né le 1er avril 1...

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo Simplébo

Connexion